Pour ma première interview j’ai choisi un thème que j’affectionne particulièrement, le tattoo ! Je suis une tatouée récidiviste 😁. J’ai fait mon quatrième ET cinquième récemment après avoir rencontré Onirix dans son studio privé. En plein cœur de Montpellier ! J’ai eu dès notre première entrevue, un coup de cœur pour son style (que j’avais déjà pu apprécier sur son compte Instagram). Mais surtout pour la personne qu’elle est. Ainsi que pour son approche du tatouage très humaine, et à l’écoute.
J’ai profité de l’une de ses sessions tattoo pour me glisser dans un coin et poser mes questions indiscrètes spécialement pour toi 😉 !
Tout d’abord, bonjour Onirix ! Première question et pas des moindres, pourquoi Onirix ?
(rires) Salut ! Onirix en fait, c’est l’univers Onirique que j’apprécie fortement. Et le X parce que je fais en sorte de ne pas trop m’exposer. Je préfère qu’on connaisse mon travail, et pas ma tronche. J’aime que les gens qui viennent me voir, ne sachent pas si je suis une femme ou un homme. J’aime garder le mystère.
– On retrouve d’ailleurs dans le logo d’Onirix un chat. Il est son animal totem, il a 9 vies selon l’adage, comme les multiples vies professionnelles d’Onirix. –
Quel a été ton parcours ? Comment en es tu venu au tattoo ?
J’ai commencé par travailler dans la pub pendant 20 ans. D’abord en tant qu’employé, puis dans ma propre entreprise. Mais après avoir fait un burn out, j’ai stoppé toutes les activités que j’avais. Mon corps ne suivait plus du tout. Je ne le contrôlais plus rien, ça m’a fait un électrochoc.
À force de tirer sur la corde, un jour, elle a cédé. Ça fait très peur de voir qu’on ne contrôle plus rien … Que quel que soit ce qu’on veut faire ou décide, le corps ne suit plus. Qu’il dit « Stop !« . Et c’est cette peur qui m’a amené à voir un maître Shiatsu. Du jour au lendemain, il m’a montré que ce que je faisais de ma vie n’était pas quelque chose qui me rendait heureuse.
Donc j’ai tout arrêté, j’ai mis la clé sous la porte. J’ai décidé d’entamer des études de médecines chinoises grâce à lui. J’avais envie de pratiquer ce métier pour fondamentalement faire du bien aux gens. Ça m’a permis d’apprendre que je pouvais utiliser des plantes pour soigner et des aiguilles pour faire circuler les énergies.
Tout ça m’a ouvert un univers. Dans le même temps, j’ai rencontré une tatoueuse qui était malade, et avec qui j’ai sympathisé. On s’est raconté nos vies, un jour elle m’a dit :
« Tu n’aurais jamais dû arrêter de faire tout ce qui te plaisais. Il faudrait que tu essayes le tattoo. »
À cette époque-là j’avais réellement envie d’ouvrir mon salon d’acuponcture, mais elle m’a tanné, et à force j’ai cédé. J’ai testé le dermographe un soir, et ça m’a vachement plus. Je ne savais plus quoi faire après ça.
Soit, je continuais mes études, j’en avais pour 5 années, 3 années normales où tu peux ouvrir ton cabinet et ensuite 2 années de spécialisation. Soit, je faisais un truc rock’n’roll pendant quelque temps, avant de retourner à l’acuponcture une fois que je serai plus âgée.
Je n’ai pas trop dormi cette nuit-là et j’ai finalement dit « J’me lance ! ».
J’ai arrêté mes études d’accu’ et j’ai été formé par cette femme qui m’a appris tout ce que je sais aujourd’hui. Je n’étais pas du tout destinée à devenir tatoueuse, ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Ce n’était pas une vocation.
J’ai travaillé dans l’art, la photographie, le graphisme, sur des sites internets, etc. Mais quand j’ai tout arrêté, je n’ai plus touché ni un appareil photo, ni une tablette graphique, ni un stylo. Dès le moment où j’ai eu le dermographe en main, ça a réveillé une corde sensible en fait. Je ne l’ai jamais lâché depuis.
« Le tatouage me permet d’allier l’écoute du client, mon envie de l’aider et de le guérir »
Quelles sont tes influences ?
Comme je t’ai dit, je viens du graphisme, de la pub donc elles sont marquées par mes études d’art. J’étais admirative par exemple du montpelliérain Supakitch, dont j’aime beaucoup le travail. C’est un graffeur et un artiste réputé, un maître reconnu dans le milieu du tatouage.
En fait pour t’expliquer, c’est comme quand je me fais mes playlists de musiques, j’aime énormément de style ! Je me fais des répertoires avec des gens que je suis, mais à force je n’arrive pas à retenir les noms. J’en ai encore pleins d’autres que je reconnais quand je vois leurs photos, mais là comme ça, c’est le premier nom qui me vienne.
Pour ce qui est de mon style personnel, ça vient de mon premier métier tout simplement. J’ai beaucoup utilisé Photoshop, j’en ai gardé le trait graphique, épuré, presque minimaliste.
– On le retrouve dans ses tatouages fins, précis et très géométriques. –
As tu eu un mentor ?
Confusius. Très jeune je suis tombée sur une phrase qui m’a marqué :
«Exige beaucoup de toi-même et attends peu des autres. Ainsi beaucoup d’ennuis te seront épargnés».
Il est devenu mon maître spirituel. Je l’ai retrouvé plus tard, en étudiant l’acuponcture.
Celle qui m’a pris sous son aile. Celle qui m’a mis le dermographe en main pour la première fois. C’est une tatoueuse tradi’, mais je souhaitais faire des tatouages fins.
À l’époque, je prenais aussi rendez-vous avec Maksim Lopez juste pour le voir tatouer, et apprendre en regardant. Il a vraiment été sympa avec moi.
Lorsque je me suis lancée dans le tatouage, j’ai aussi essayé de contacter des tatoueurs Coréens sur les réseaux sociaux. Notamment l’un d’eux dont je suis particulièrement admirative, mais sans retour.
Quel est ton univers ?
Grosse question !! (rires) Je suis une passionnée et une grande curieuse. Je peux passer des heures à comprendre la théorie des cordes d’Einstein, la littérature Bernard Werber, la philo Michel Onfray, lire l’univers DC Comics.
Mon univers est hyper varié. J’aime pouvoir tenir des conversations, et ce, quel que soit l’âge, la culture, etc. des personnes avec qui j’échange. Je suis ouverte à tous les sujets que je peux ingérer et assimiler !
Comment réfléchi tu as un projet ?
Je fonctionne toujours avec un premier rendez-vous pour connaître l’histoire, le pourquoi du tatouage et discuter avec la personne qui vient vers moi pour se faire tatouer. Quand on me parle d’un projet, j’ai tout de suite des idées, des images qui me viennent. J’ai deux encyclopédies des symboliques que je consulte.
Ensuite tout dépend si la personne a un projet verrouillé, ou si c’est ouvert. Ça dépend aussi de si c’est un homme ou une femme. On recherche par symbolique, iconographie, on teste, on en parle.
Finalement, avant le rendez-vous pour le tattoo j’envoie la maquette dessin par mail pour qu’elle soit validée. Parfois elle ne l’est pas, il y a fréquemment des retouches à faire sur le dessin initial.
Tu utilises de l’encre végane, pourquoi ?
Le fait que les cosmétiques ne soient pas testés sur les animaux est ancré dans mon mode de vie perso. J’ai donc souhaité me tourner vers une encre avec le moins de produits pétrochimiques et nocifs. Lorsque mes fournisseurs m’en ont proposé une correspondant à mes critères, elle était vegan. J’ai donc tout naturellement sauté sur l’occasion.
– Son encre Vegan certifiée est une des raisons de mes tatouages chez Onirix. –
Quel est le plus beau projet que tu as réalisé ?
C’est très dur de choisir. Tous ceux accrochés à mon mur sont des projets qui m’ont touché, marqué.
En ce moment, je suis en train de travailler sur un projet qui m’intéresse particulièrement, «Le Sage et le Vaillant».
Deux frères qui viennent exprès d’Orléans parce qu’ils n’ont pas trouvé un tatoueur qui leur correspond. Ils ont une histoire commune très particulière. On essaye de la retranscrire avec des symboles et des sujets différents en fonction de leurs caractères.
Comment prendre bien soin de son tattoo ?
Alors il y a le protocole de base imposé par le ministère de la Santé (savon, ph neutre…). Mais je ne suis pas spécialement d’accord avec ce protocole. Pourquoi ?
Parce que la peau est intelligente. Elle est programmée pour cicatriser, seule.
Pour moi le tattoo c’est un «bobo». Quand je viens pour tatouer, je sais très bien que la peau va rejeter l’encre. Il faut certes premièrement nettoyer la plaie avec un savon ph neutre, enlever les poussières, fibres de vêtements, etc.
Mais ensuite il faut nourrir et hydrater sa peau. Avec ça elle aura tout ce qu’il faut pour se régénérer. Je préconise l’huile de coco qui est anti-bactérienne et nourrissante, en plus d’être totalement naturelle. Il y a aussi le beurre de karité (non antiseptique) mais très nourrissant et le beurre de cacao. Au bout de 2/3 jours, tu as déjà une croute qui te permet de ne plus te laver au savon neutre.
Pour la nutrition et l’hydratation, c’est à vie sur un tatouage comme pour tout le corps. Tu as aussi l’hygiène de vie : le soleil, l’alcool, la drogue, etc. Ce sont des paramètres à prendre en compte. Piscine, mer et soleil, tu oublies pendant la cicatrisation du tattoo.
C’est une plaie, donc si tu te baignes, c’est porte ouverte aux bactéries et gemmes qui vont potentiellement infecter le tatouage. Et tu ne veux pas que ton tatouage soit infecté ! Le résultat ne serait pas beau à voir !
Je reste toujours à dispo de mes clients s’ils ont des questions, un doute, ils peuvent m’appeler sans aucun problème.
Quelles sont les questions sur les tattoo qui reviennent le plus souvent ?
(Rires) Alors on va dire qu’avant, c’était majoritairement «Est-ce que se faire tatouer ça fait mal ?» ! Mais celle-là n’est finalement pas la plus récurrente. On est plus basé sur le tatouage en lui-même, donc je dirai plutôt :
«Comment je le soigne / en prend soin ?»
«Comment ça vieilli (les déformations possibles, les couleurs, etc.) ?»
Les gens se soucient maintenant plus de savoir comment prendre soin de leur tatouage ou de comment celui-ci va vieillir dans le temps. Il y a une vraie prise de conscience sur ce sujet.
Même si on a toujours des personnes qui viennent nous voir en voulant un résultat immédiat, la plupart comprennent qu’un tatouage, ce n’est pas un stencil. Il faut du temps entre le premier rendez-vous pour savoir ce que mon/ma client.e a en tête et le résultat final une fois le tattoo cicatrisé.
Comptes tu ouvrir un nouveau salon ?
Oui ! Je compte rouvrir un nouveau salon oui, d’ici à quelques semaines (début mai), avec du piercing et une apprentie tattoo. Mais toujours en salon privée, ce qui me permet d’avoir plus de calme avec les clients, ne pas être déranger et être beaucoup plus intimiste.
Cela permet de vraiment prendre soin de la personne du début à la fin, d’être proche de mon client. Ça me permet aussi de filtrer et ne pas m’emprisonner dans un style précis de tatouage. Un tatouage, c’est quelque chose qu’on a vie, on le grave dans sa chair. Il a parfois une histoire compliquée, intime. C’est important de prendre le temps d’écouter le pourquoi du projet, et ce qu’il deviendra.
– Up date du 25/06/20 : Depuis Onirix a ouvert son studio à Voiron. Elle descend quelques jours par mois sur Montpellier –
Et pour finir une petite série de questions rapides. Tu es plutôt :
Quelques conseils d’une tatouée
Mon premier conseil : avant de faire un tatouage que ce soit ton premier ou non, prends le temps. Sois bien sûr de toi ! Le temps de trouver un(e) tatoueur / tatoueuse qui te corresponde, et te dessine un tatouage qui te parle vraiment.
Oui avec les nouvelles technologies, il est possible de faire enlever un tattoo.
Mais c’est cher, long et douloureux. Ensuite le cover (action de recouvrir un tatouage par un nouveau tatouage) est possible aussi. Mais tout dépend de la taille et du style du tatouage.
Ce n’est jamais innocent de graver sa peau. Et cela ne se fait pas en 5 min non plus 😌
Ensuite mon deuxième tips concerne le soin post tattoo. En général, il est conseillé, une fois le tatouage réalisé, des produits pétrochimiques pour la cicatrisation.
Mais que ce soit pendant ou après, sache que le naturel (comme pour tout) est largement meilleur.
Ainsi qu’Onirix l’a expliqué, l’huile de coco est parfaite pour la cicatrisation. J’ai fait ça pour mes 4 derniers tatouages et ils ont cicatrisé en un temps record. Celui en couleur n’a même pas dégorgé, zéro retouches !
Donc ne te précipites plus dans ta pharmacie pour acheter des produits cracra, mais dans en magasins bio ou rayons bio. Tu vas y trouver tout ce qu’il te faut pour prendre soin de ta nouvelle œuvre.
Mon expérience entre les mains d’Onirix
Avant de clôturer cette interview, je tenais te faire part de mon expérience entre les mains d’Onirix.
Mes deux plus grosses pièces (à ce jour) sortent de son dermographe et je peux dire que j’en suis ravie. Ses dessins sont superbes et son application est très pro.
Le rendez-vous pré tattoo en tête à tête m’a permis de bien expliquer ce que je voulais, en symbolique, style, etc.
On trouve chez Onirix Studio une oreille attentive, qui guide avec douceur et honnêteté. Je ne sais pas ce qui est le plus cool là-bas, se faire tatouer ou attendre quelqu’un qui se fait piquer 😂. À toi de faire ton choix en y allant 😉
N’hésite pas à lui dire que tu viens de ma part.
Tu n’auras pas une remise de 20 % sur votre tattoo, ni un shaker ou t-shirt offert 😏 …
Mais ça nous fera plaisir de savoir que tu es passé.e par ici avant d’aller au studio !
Je termine cette interview avec Onirix en te précisant que si tu souhaites en savoir plus sur son travail tu as :
Tu peux la contacter directement sur son mail pro’ onirixstudio@gmail.com si tu désires parler d’un futur projet.
Comment devenir photographe engagé.e et proposer de la photo-thérapie ? Clothilde Redon t’expliques.